Portraits @Merel Hart

CEYLAN

25 – 1210

Je suis né et j’ai grandi à Saint-Josse. L’école primaire s’est déroulée par bribes car j’ai beaucoup été renvoyé. On me trouvait hyperactif. Certains éducateurs ont discuté avec mes parents. Ils m’ont finalement placé dans un internat à l’Ecole Nicolas Smelten à Molenbeek de mes 7 à 12 ans. A l’internat, je me sentais bien. J’étais accompagné et guidé. J’avais un bon niveau d’étude. J’étais bon élève à ce moment-là.

Quand j’ai quitté l’internat, la vie est partie un peu en « cacahuète ». Je suis rentré à la maison et je me suis inscrit dans une école à Schaerbeek. L’école ne me plaisait pas. Moi, je voulais faire de la plomberie mais on a démarré par de la menuiserie, du bâtiment, … J’étais dans un groupe qui m’entrainait vers le bas. Ils préféraient « brosser ». Puis mon père a décidé de m’envoyer en internat islamique à Laeken. Je l’ai fait pour lui faire plaisir mais je n’aimais pas, je perdais mon temps. Mes fugues ont commencé. J’ai séché les cours. Les flics sont intervenus. J’ai été ballotté d’internat en internat, à Genk, Anvers puis Bruxelles. Ils ont été jusqu’à m’envoyer en France.

J’ai fait une ultime fugue. J’ai économisé pour prendre le train et revenir à Bruxelles. Arrivé chez moi, mon père n’a pas voulu m’accueillir. Il m’a renvoyé d’où je venais. J’ai vécu chez mon cousin pendant 2 ou 3 mois, puis chez ma tante. J’ai vécu un bon moment de gauche à droite.

J’ai finalement eu la chance de rencontrer le SAMU social. J’ai vécu un moment là-bas. Et, grâce à eux en juillet 2016, j’ai eu mon appartement. Je me suis inscrit au CPAS. J’ai travaillé à la commune de Saint-Josse en tant qu’article 60 à la propreté publique puis à Bruxelles Propreté en tant que balayeur de rue. Après ces 2 expériences, je suis tombé au chômage. Mon accompagnatrice au SAMU social m’a alors proposé COACH2START.

Ce coaching m’a apporté de la motivation et de la confiance en moi. Aujourd’hui, je sais ce que je veux. Je veux être plombier monteur sanitaire et raccordeur en chauffage central. Le métier est assez cool. C’est tirer des tuyaux, raccorder des radiateurs, des lavabos, des siphons. Je me sens capable de le faire. J’ai la main. J’ai déjà fait des travaux avec mon père à la maison. Le coaching m’a aussi permis de me rappeler que j’avais des qualités que je pouvais exploiter et que j’avais mises en vielle depuis longtemps : être réglo, honnête, ne rien cacher, ne pas avoir peur de dire des choses, ne pas être enfermé dans sa bulle. Je dois aussi plus exploiter mon sourire.

En septembre de cette année, j’ai commencé ma formation au centre Bonnevie. Tout se passe bien. Je suis même en avance parfois sur les autres.

De quoi je suis le plus fier ? De moi. J’ai géré tout ça moi-même. J’ai parcouru tout ce chemin tout seul.

Ce que je me souhaite ? C’est de devenir plombier, d’avancer dans ma vie professionnelle et de fonder ma famille.

Octobre 2018