© RACHIDA Soufiane - YASMINE Hajji - AHSAN Ahmed Siddiqui

NICOLAS

22 ans - Uccle

« J’ai grandi principalement à Uccle avec ma mère mais aussi à Charleroi quand j’allais chez mon père. Avec lui, les rapports ne sont pas très bons, donc mes visites étaient limitées. Ma mère me voyait comme un petit artiste car je dessinais bien. Mon père me voyait comme quelqu’un d’un peu ennuyant dont il fallait s’occuper. Je laisse à mon père une éducation stricte. Je garde de ma mère l’amour, l’éducation, la valeur de l’argent et le comportement adéquat en toute situation. J’ai fait des études d’Auxiliaire Administratif et d’Accueil à l’Institut Saint-Vincent de Paul. Je n’ai pas terminé ma 6ème. Cette année-là, les professeurs ont décidé qu’ils ne voulaient plus me donner cours. Car l’épreuve principale était un test de compréhension à l’audition et vu mon handicap, ils estimaient que je ne pouvais pas le faire. A 4 ans, un virus a attaqué mon oreille interne. Depuis lors, sans appareil, je n’entends pas. Je suis encore resté à l’école trois mois pour essayer de leur prouver que je pouvais le faire. Mais ils n’ont pas voulu. Alors je suis parti. Je l’ai mal vécu. Je me suis senti rejeté, sans avoir la chance de prouver ma valeur, sans avoir même la possibilité d’essayer. Je suis doucement tombé en dépression, j’ai commencé à boire, j’ai pris du poids. Un jour mon meilleur ami m’a dit : « je ne te reconnais plus. Tu n’es plus le Nicolas que j’ai connu. Je pense que notre amitié va s’arrêter là. » Je me suis regardé, je pesais 91 kg, je me dégoutais. Ça m’a fait un déclic. Je ne voulais pas perdre mon meilleur ami. Je n’avais pas envie d’être quelqu’un qui n’a pas de vie, qui est obèse et qui ne trouve pas l’amour. Je me suis repris en main. C’est une expérience de la vie que je n’oublierai jamais et je repense à ça tous les jours pour trouver la motivation. Je pense que j’étais capable de le faire et de réussir ma 6ème. Le directeur était d’accord pour que je continue mais avec 4 professeurs contre, il ne pouvait rien faire. Il m’a juste souhaité bonne chance et de pouvoir prouver que j’étais bon et que je pouvais réussir. J’ai cherché du travail pendant 2 ans et je suis finalement tombé sur ART2WORK où je travaille pour l’équipe technique depuis 6 mois. Heureusement qu’on m’a donné ma chance. Quand j’étais petit, je rêvais d’être président ou astronaute. Aujourd’hui, je rêve de travailler dans la sécurité et de monter en grade. Je voudrais rendre le monde meilleur à partir de ce que je suis et de ce que je fais. Si j’avais un regret, ce serait malgré tout ce problème d’audition. Sans ça, il y a trois fois plus de choses que je pourrais faire. Mais je n’en veux à personne. Ça m’est tombé dessus, c’est comme ça. Il y a des portes qui se ferment parfois dans la vie et il faut continuer à avancer. »